Notre pain sans gluten

J’ai commencé ce projet il y a quatre ans, sur un train qui de Paris m’a porté à Turin et de Turin à Monticello d’Alba, une petite ville au milieu de la campagne turinoise.

J’ai fait ce même trajet d’innombrables fois: avec le beau temps, avec la neige, avec la canicule, avec la pluie, je descendais chaque fois du train régional au beau milieu de nulle part, sur une autoroute où j’étais la seule à marcher à pieds, et, enfin, à la traverser.

J’allais rencontrer mon chef, la personne qui avec moi avait choisi de croire à ce beau projet de pain sans gluten, au levain naturel.

Parce que quand on ne peut plus manger de gluten – et moi, j’étais diagnostiquée avec la maladie coeliaque il y a presque 20 ans – on rêve de peu de choses et le pain en fait partie…un bon pain naturel, avec une mie moelleuse, avec qui je puisse faire à nouveau des sandwich.

Je suis quelqu’un qui aime les choses simples, les petits grands plaisirs qui enrichissent notre quotidien comme des étoiles dans le bleu de la nuit.

Je n’avais pas d’argent à lui mettre sur la table mais la force de mon projet et de mon cœur ont ouvert une porte, ils ont créé une brèche et une belle, magnifique collaboration a jaillit entre nous.

Tout ce que je gagnais à l’époque à Paris, je le mettais dans ce projet que j’ai toujours porté avec beaucoup de passion et de détermination.

Je suis partie de rien: je suis arrivée à Paris seule, il y a quatre ans, juste avec une valise et une chambre louée sur airbnb mais, surtout, avec le courage de croire dans mes rêves, moi qui n’en avait jamais eu parce qu’on m’avait fait croire que je n’étais pas assez … que je n’étais pas “comme” les autres…

Si la grande souffrance de mon enfance et de mon adolescence ont servi à quelque chose, c’est qu’ils m’ont donné la force de me relever toute seule, de faire jaillir la joie, le sourire, la bienveillance et l’amour de cette même faille… et pour cela, aujourd’hui j’ai de la gratitude parce qu’ils m’ont permis de devenir la femme que je suis.

Ce n’est pas toujours facile, je vous avoue, mais je m’accroche, je m’accroche au désir de me dire que pour moi aussi, c’est possible, que c’est possible d’être pleinement heureuse, épanouie en tant que femme et d’accomplir mes rêves.

Les années ont passées vite et chaque pas, chaque étape de ce projet était accompagné par plein d’essaies, de réunions, de présentations, d’échanges, de réflexions et de belles rencontres humaines… un homme et une femme, mon chef et moi… je n’oublierai jamais tous les instants passés ensemble jusqu’au jour où on est enfin arrivé à notre pain, à celui qu’on rêvait, celui qu’on voulait, celui qui nous donne du plaisir, du vrai, à chaque bouchée !

Mais j’ai vite appris que dans la vie, quand on franchit une étape importante, il y a tout de suite un nouveau défi qui t’attend juste après, plus grand que le précédent… et la vie est là et elle te demande, elle me demande : « Et maintenant, Chiara, qu’est ce que tu fais? Tu t’arrêtes ou tu continues ? ».

Le Bouddhisme qui est rentré dans ma vie il y a cinq ans et surtout mon maître japonais, M. Josei Toda, m’ont appris que la vie, c’est comme une montage, il y a des vallées où l’on se repose mais après il faut continuer à monter et à monter si l’on veut voir le sommet, et moi, ce sommet, je veux bien le voir.

Mon chef avait d’autres engagements et pas la force de monter un nouveau projet, lui qui a déjà sa propre entreprise, des émissions à la télé italienne, des livres à publier et des pâtisseries à ouvrir partout en Italie et dans le monde.

Entre temps j’avais eu l’envie de créer un blog, Baci di Dama Living gluten free, je l’ai appelé comme mes biscuits préférés quand j’étais enfant, ceux que mon grand-père Francesco nous offrait le dimanche de fête quand il venait nous voir.

Dans ce blog je célèbre ma vie sans gluten, je partage mes astuces, des belles recettes, mes adresses coups de cœur et aussi les projets d’autres personnes qui comme moi ont choisi de prendre le risque de changer une souffrance en force, une chose négative en positive.

Même quand les autres m’ont découragé à écrire ce blog parce qu’ils n’y voyaient pas l’intérêt, je sentais que, par contre, je voulais le faire, je voulais avoir un monde où je pouvais m’exprimer en toute liberté, sans jugement surtout de ma part, et je savais, au fin fond de mon cœur, qu’il allait m’ouvrir des portes…

C’est comme ça que j’ai fait un jour la rencontre à Paris de mon nouveau et beau partenaire, l’Atelier des Lilas.

Je souhaitais interviewer Alexandra Chaillat, la co-fondatrice, parce que j’aimais son projet et je souhaitais le mettre en valeur sur mon blog.

De fil en aiguille on a échangé nos vies, nos projets, nos rêves… j’avais enfin trouvé la personne qui avait envie de porter ce projet avec moi, d’y croire, de l’amener jusqu’au bout de nos rêves partagés.

Aujourd’hui, grâce aussi à la capacité et à la détermination d’Alexandra, notre pain au levain est disponible en trois versions: avec pavot, multi-graines, raisins-cannelle, et il est en vente à la Grande Epicerie de Paris. Depuis l’été dernier il est disponible aussi en version bio… un rêve accompli pour toutes les deux et aussi pour sa belle équipe qui met tant d’effort pour faire un bon produit, naturel et artisanal, tous les jours.

Et faire un bon pain frais demande beaucoup d’effort et de sacrifices : il faut se lever tôt, apprendre à le sentir, à le toucher, la beauté du pain, c’est qu’il s’agit d’une matière vivante et comme telle il ressent des changements de saisons, de temps, il est sensible à la personne qui le fait et il a toujours la sienne à dire… !

Mais nous, on l’aime comme ça 🙂

Un nouveau chapitre de ce beau projet a commencé pour moi et pour l’Atelier des Lilas et on a besoin de votre soutien, de vos retours qui sont si précieux pour nous permettre de nous améliorer et d’aller de l’avant.

Et au fond de nos cœurs, on est heureux de partager cette aventure avec vous tous !

Je vous embrasse fort,

Chiara

pS Un grand merci à mes amies de cœur, Alexandra, Laura, Amélie et Audrey, qui m’ont poussé à prendre le courage d’écrire et de partager mon histoire et qui portent par la main cette petite fille qui est en train de devenir une femme, dans la plénitude que ce nom évoque.

Je vous aime.

Tout simplement.